En Bretagne, les marées vertes ont « obligé les agriculteurs à réfléchir à leur manière de faire »
Publié le 5 février 2022
Angèle, Zoé, Emy et Aaron du collège Racine à Saint-Brieuc, touchent à un point sensible en Bretagne : les marées d’algues vertes, une pollution causée surtout par l’agriculture. Un sujet polémique, qui mérite de croiser les regards : Antoine CABARET, maraîcher bio, et Vincent LENOIR et Bertrand CONVERS, de la Cooperl (le numéro un du cochon en France), livrent leur point de vue.
L’Anthropocène : état des lieux
C’est un sujet sensible qu’abordent ici les globe-reporters et les globe-reportrices. Chaque été, les algues vertes s’échouent en grand nombre sur certaines plages de Bretagne. Elles sentent mauvais et peuvent s’avérer dangereuses. Quand elles pourrissent, elles peuvent dégager dans certains cas un gaz toxique.
À l’origine de ces algues vertes, il y a principalement l’agriculture intensive. Pour faire pousser leurs cultures, les agriculteurs fertilisent leurs champs avec des engrais (des produits chimiques ou des déjections animales) qui contiennent de l’azote. Mais quand ils en mettent en trop grandes quantités, ou si par exemple il pleut fort alors qu’ils viennent d’en mettre, cet azote se retrouve dans les cours d’eau, puis dans la mer. Les algues vertes s’en nourrissent et se multiplient, surtout s’il fait chaud et si l’eau est peu profonde, comme par exemple dans le fond de la baie de Saint-Brieuc : c’est le phénomène des marées vertes. Il faut aussi ajouter qu’en Bretagne, il y a beaucoup d’élevage et donc beaucoup de déjections d’animaux.
L’idée n’est pas d’interroger un expert des algues vertes, mais plutôt de solliciter le point de vue de deux agriculteurs. Le premier est engagé dans une démarche environnementale. Le second travaille dans un secteur pointé du doigt comme responsable de ce phénomène. Notre envoyée spéciale, la journaliste Élodie AUFFRAY sollicite des agriculteurs rencontrés pour d’autres sujets.
Maraîcher bio, Antoine CABARET est bien placé pour en parler : sa ferme se trouve à Hillion, la commune où il y a le plus d’algues vertes en Bretagne. L’éleveur de porcs Vincent LENOIR et Bertrand CONVERS, de la Cooperl, ont un point de vue différent. La Cooperl est le numéro un du cochon en France et l’élevage hors-sol de porcs est justement considéré comme l’une des principales sources des algues vertes. Parole à la défense, donc ! Dans le journalisme, il est important de croiser les regards, de solliciter aussi ceux qui sont mis en cause, même s’il faut savoir prendre du recul et se rappeler que chacun défend ses intérêts.
Les deux points de vue sont différents, mais tous racontent comment les marées vertes ont poussé les agriculteurs à changer leur façon de travailler.
Dans le village d’Hillion, à l’entrée des plages (ici celle de la Granville), des panneaux avertissent les promeneurs du danger : il ne faut pas marcher dans les zones où les tas d’algues vertes