Economie : tourisme saharien, des réformes s’imposent

Publié le 26 janvier 2013

Un article du quotidien La Presse paru le 24 janvier 2013.

La boîte à infos

Le Sahara tunisien a tout pour être un secteur porteur et jouer le rôle d’une véritable locomotive de développement économique et social. Pourtant, les chiffres du tourisme révèlent une triste réalité. Le bilan est en effet décevant. C’est que 30 unités hôtelières, dont 24 avant la révolution et 6 après, ont mis la clé sous la porte. Sachant que la moyenne de séjour par touriste est estimée à 1,6 jour.

La fermeture desdites unités hôtelières a sans doute généré la perte de bon nombre de postes d’emploi, alourdissant ainsi le fardeau que porte l’économie nationale. Ce faisant, au lieu d’être un vecteur de développement régional, le secteur contribue plutôt, quoique relativement faut-il dire, au ralentissement du rythme de l’ascenseur économique. A l’origine, il y a assurément des défaillances qui durent, bien que l’effectif composant les autorités de tutelle, tel que l’Office national du tourisme tunisien (Ontt), soit classé parmi les plus élevés. Sommes-nous donc en panne d’idées innovantes ? Lesquelles idées innovantes devraient permettre la promotion du secteur sans pour autant nuire au patrimoine culturel local.

Stade embryonnaire

En s’attardant sur les difficultés du tourisme saharien, certains responsables rattachent ces difficultés à la crise économique mondiale ou à l’instabilité politique et sociale que vit le pays depuis la révolution. Toutefois, la réalité est tout autre. C’est que le tourisme dans les régions sahariennes est resté, dès le commencement, dans un stade embryonnaire. On parle dans ce sens d’un tourisme de transit qui n’est jamais parvenu à franchir le cap pour s’ériger en un tourisme de séjour. Donc, de notre échec à doter ce secteur d’une plus grande attractivité susceptible d’intéresser les touristes étrangers et de toucher surtout le haut de gamme.

On s’attarde souvent, non sans fierté d’ailleurs, sur le futur projet qatari Desert Resort, prévu dans la région de Tozeur. Ce projet promu par la société « Qatari Diar pour l’investissement immobilier » consiste en une station touristique saharienne d’une superficie de 40 hectares, comprenant 60 suites de luxe, des centres de soins, des restaurants, un terrain de tennis, des boutiques, des salles de conférence, un théâtre romain et une tente arabe.

Cet investissement qatari, dont le coût global s’élève à 80 millions de dollars, soit près de 120 millions de dinars, devra contribuer à la création de 200 mille postes d’emploi et à une augmentation de 1 à 1,5% de point supplémentaire dans la croissance économique. Soit. Tout cela est bien beau à entendre et à croire. Sauf que le revers du décor est bien sombre, vu que les carences relatives à ce secteur sont multiples.
Booster ce secteur névralgique nécessite, en revanche et avant tout, de nouveaux mécanismes et des réformes structurelles et non conjoncturelles. De ce fait, des actions devront être entreprises dans le cadre promotionnel. A commencer par l’infrastructure et les équipements pour mieux désenclaver le littoral sud et le milieu saharien. Car doter le Sud d’un bon réseau routier, d’aéroports modernes bien garnis en articles artisanaux reflétant la richesse culturelle des lieux l’infrastructure, et de ports pouvant recevoir les bateaux de croisières et de ferry-boat garantit une meilleure compétitivité du secteur sur le double plan régional et international.

Rompre avec les clichés démodés

Dans la même perspective, plutôt que se contenter d’un « projet salvateur » encore sur papier et dont la concrétisation prendra sûrement du temps, il serait beaucoup plus utile et profitable d’engager les réformes qu’il faut, en attendant la réalisation dudit projet. Autrement, place à l’adage : les nattes avant la mosquée.
Cela pour dire que la promotion du tourisme saharien est tributaire de la conjugaison des efforts de l’ensemble des intervenants des secteurs du tourisme, des transports terrestre, maritime et aérien, de la culture, de l’environnement, des collectivités locales, si collectivités locales il y a, et de la jeunesse et des sports. Et ce, dans l’objectif de diversifier le produit touristique, de préserver l’environnement, de réviser les tarifs, de proposer des formules alléchantes, d’organiser des cycles de formation et de recyclage au profit du personnel actif, d’améliorer les infrastructures d’accueil et de renouveler le parc roulant. S’y ajoutent consécutivement la création, en plus des sites touristiques classiques, d’autres circuits qui sont jusque-là inédits, l’affinement des prestations d’accueil et d’accompagnement et la proposition de tarifs compétitifs bien étudiés.

Pour ce qui est des campagnes publicitaires relatives au secteur, le constat de ce tour opérateur turc qui a dit un jour : « Toute l’image du tourisme tunisien est réduite à un nomade parcourant les dunes à dos de chameau » est aussi bien chargé de sens que tout commentaire devient par la suite inutile.

Auteur : M.H.ABDELLAOUI

La Presse, le : 24-01-2013

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