En attendant notre rendez-vous avec le Roi d’Oussouye

Publié le 1er février 2011

Nous avons demandé audience au Roi d’Oussouye. En attendant sa réponse, il est possible de lire cette interview faite par des journalistes en herbe du collège Joseph Faye, à Oussouye.

La vie en Casamance

Depuis deux mois déjà, le groupe de journalistes du Collège Jospeh Faye était en discussion pour trouver le personnage à interviewer pour ce numéro de Ulaanen. Après un long échange, nous avons choisi de rencontrer le Roi d’Ousouye malgré la réticence des filles qui craignaient d’êtres prises comme reines. Le vendredi 19 décembre, à 16h00, les journalistes qui étaient disponibles se sont rendus chez Mr François Pompidou Diedhiou. Après une longue attente, il nous a guidé au palais royal. Au seuil de son palais qui se trouve entouré d’arbres, comme en plein forêt, il est parti l’avertir de notre arrivée. Quelques minutes après, il est réapparu accompagné d’un homme grave, de grande taille, avoisinant la cinquantaine, sans chaussure et avec un balai à la main gauche. A sa vue, tout un mystère s’envola en nous car rien ne le différencie physiquement de tout humain à part peut-être son habillement composé d’une longue tunique rouge et d’un long bonnet de la même couleur.
Après les salutations et présentations, nous lui avons expliqué l’objet de notre visite et il s’est dit disponible à répondre à toutes nos questions.

Majesté, parlez-nous un peu de vous.

Je me nomme Sibiloumbaye Diedhou. J’ai eu a mené une vie comme tout le monde, en passant par les études, le travail (mécanicien, vigile, employé du Club Med) et le mariage d’où j’ai eu six enfants. Puis le 17 janvier 2000, j’ai été intronisé en tant que Roi d’Oussouye.

Cette nouvelle fonction a-t-elle changé radicalement votre vie ?

Depuis mon intronisation, mon nouveau titre est « MAM ». Mon royaume s’étend sur une sphère géographique appelée « Bubajum oeyi », qui englobe treize villages. Il y a quelques où l’on trouve des familles royales et la royauté tourne autour de ces familles. Mon arrière-grand-père fut Roi d’Oussouye et je lui succède aujourd’hui. Dans toutes les familles royales, il faut trouver une reine, surtout là où il n’y en a plus. C’est pourquoi, actuellement j’ai trois épouses dont la première, la mère de mes enfants que j’ai eu avant mon intronisation et qui ne sont donc pas de lignée royale.

En quoi consiste votre tâche « MAM » ?

Je veille au culte des anciens à travers les sacrifices et les célébrations biens établis. Je fais tout mon possible pour que la paix et l’harmonie puissent régner entre nous. Dès que j’entends qu’un conflit se prépare, je convoque les différentes parties et, sans besoin de savoir qui a tort ou qui a raison, je leur demande de tout faire pour que la réconciliation soit faite et que la paix revienne. J’ai aussi mes rizières que les gens cultivent ; cela me permet de garder du riz dans mes greniers et de le redistribuer durant les disettes. En somme, je fais tout pour le bien spirituel et humain de mes sujets.

Nous savons qu’Oussouye est resté un bon temps sans roi. A quoi cela est-il dû ?

Pendant quatorze ans, nous n’avons pas eu de roi à Oussouye et les raisons sont multiples. La principale que je vais vous donner est celle de la situation qui prévalait en cette époque. Vous n’êtes pas sans ignorer que le conflit entre les rebelles et les militaires était intense à cette époque. Or, introniser un roi fait déplacer beaucoup de monde. Certains viennent de Guinée. À cela s’ajoutent les coups de fusils qui étaient interdits. Cette situation ne permettait pas l’intronisation d’un roi.

MAM, on raconte tout un tas de choses sur vous. Qu’en pensez-vous ?

Je sais qu’on dit que la femme que je touche avec mon balai devient mon épouse, que personne ne peut me saluer sans être initié, que j’ai des pouvoirs mystiques, etc. Tout cela est faux ! La preuve, je viens de vous serrer la main.

Elèves du collège Josephe Faye, janvier 2004