Marseille, ville frontières

Publié le 20 avril 2018

Notre envoyée spéciale raconte sa semaine à Marseille.

CARNET DE ROUTE

Samedi 7 avril 2018, 12h20, direction la gare de Lyon, à Paris, pour prendre un TGV (Train à grande vitesse) vers Marseille. Une autre aventure commence. J’arrive en avance. C’est mieux qu’être en retard, surtout si on a un train à prendre. Je suis éblouie par l’architecture imposante de l’édifice. C’est une des plus belles gares que je n’ai jamais vues.

Même avec un billet en poche, je suis un peu inquiète. Les médias français ne cessent de titrer que le trafic ferroviaire est perturbé, que c’est une pagaille incroyable. Peut-être même la fin du monde… En fait, en ce printemps 2018, un mouvement social des travailleurs de la Société nationale des chemins de fer (SNCF) s’oppose à la volonté du gouvernement en place de privatiser le réseau ferré. Les cheminots qui défendent un service public ont décidé une grève perlée. Ils travaillent 3 jours, puis stoppent 2 jours. Des trains circulent tout de même et le mien a été confirmé la veille.

Je dois d’abord trouver le bon quai. Il y en a beaucoup. Un panneau géant indique tous les départs. Pour être sûre de ne pas me tromper, je demande confirmation. C’est une jeune étudiante qui fait un master en psychologie qui me conseille. Elle, elle voyage en direction de Montpellier. Les trains qui partent de la gare de Lyon vont tous vers le sud de la France. Si on veut voyager vers le nord, il faut aller à la gare du Nord. Logique. À Paris, il y a aussi la gare de l’Est, la gare Saint-Lazare (train pour l’ouest) et la gare Montparnasse (trains pour le sud-ouest).

14h37, le train part à l’heure. Après un quart d’heure de voyage, de nombreux passagers sont déjà en pleine sieste. Mes paupières aussi deviennent lourdes. Le corps a une prédisposition biologique à somnoler en milieu de journée, surtout après une semaine de travail assez intense.

Quand je reprends mes esprits, j’engage la conservation avec mon voisin de gauche. Il s’appelle Gilles. Il est déjà venu en Tunisie, car son ex-beau-frère est Tunisien. Un voyage qui remonte à plus de vingt ans. Il se souvient d’une anecdote : " Quand en tant que touriste, je montais dans un taxi, le prix de la course triplait ". C’est malheureusement encore bien trop souvent le cas.

Il est 18h00. Me voilà déjà arrivée à la Gare de Marseille Saint-Charles, une gare construite en 1848 pour l’ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Marseille. Aujourd’hui, le TGV met 3h00 pour franchir la distance. Béatrice vient me chercher à la descente du train. Elle est proviseur d’un collège de Marseille, installée dans la ville depuis plus de 3 ans. Elle apprécie la vie marseillaise, qui, selon elle, a un charme particulier. Je passe ma première nuit marseillaise dans son appartement.

Je loge les nuits suivantes chez des proches où le couscous du dimanche cuisiné par Cécile a des saveurs du pays. Puis nous faisons une visite de Cassis, un petit port de pêche. La ville est dominée par un château vieux de plusieurs siècles. Cassis et sa région ont un charme particulier. Beaucoup de maisons sont colorées. Ça a un air d’Italie. Cette balade est parfaite pour décompresser, surtout après une semaine de reportage dans la capitale française.

Puis lundi arrive et la ronde des rendez-vous reprend. Il y a aussi les refus comme celui de l’équipe locale du WWF, une ONG de protection de l’environnement qui m’assure qu’ils vont me répondre alors que j’attends toujours. Mais cela fait partie du métier. Il y a des jours durant avec des grands Oui et d’autres avec toujours trop de Non. Dans ce métier, comme dans la vie, il faut persévérer.

En sillonnant les ruelles de Marseille, dans le quartier de la Castellane, au rond-point du Prado, aux Baumettes, à Noailles, un peu partout, je tombe sur des affiches du parti politique La France insoumise qui appelle à manifester contre le président Emmanuel Macron et sa politique contre Macron. Une manifestation est prévue à Marseille le samedi qui arrive. Je note dans mon agenda de ne pas oublier d’aller y faire un tour.

Le jour M arrive, celui de la manif. Le départ de la cortège en colère est au Vieux Port, à 14h00. Ce n’est pas la seule actu du jour. Il y a un match de Rugby qui mobilise les fans du ballon ovale. Bref, la circulation est bloquée. Les bus sont déviés. Et le mieux est de se déplacer à pied comme lors des grands soirs de foot. Quand tout Marseille, jeunes et moins jeunes, chantent pour soutenir l’OM, le club de foot de l’olympique marseillais. Ces journées-là, c’est partout la même rengaine : " Allez l’OM ". Le club de l’OM coule dans les veines des Marseillais.

Au Vieux Port, la manifestation commence et les slogans fusent : " Stop Macron ". Plus de 5 000 de manifestants marchent pour faire reculer le président d’En marche, le parti politique fondé par Emanuel Macron. Plusieurs secteurs de la société sont mobilisés. On croise des cheminots, des travailleurs du secteur énergétique, des étudiants et bien d’autres. Je prends des photos. Sur ma gauche, une dame n’est pas contente : " Il est temps que ça se bouge. Vous savez Macron est pire que Sarkozy ". Nous sommes en avril 2018 et la France se rappelle d’un certain mois de mai 1968. Il y a tout juste 50 ans.

Sources photographiques

Gare de Lyon, juste avant de monter dans le train.
Gare de Lyon, juste avant de monter dans le train.
Les voyageurs font la sieste, alors que le train traverse la banlieue parisienne. Un long trajet de 3 heures les attend.
Les voyageurs font la sieste, alors que le train traverse la banlieue parisienne. Un long trajet de 3 heures les attend.
La gare St Charles, à Marseille.
La gare St Charles, à Marseille.
Des touristes découvrent Marseille.
Des touristes découvrent Marseille.
Bateau ferry qui réalise une traversée de 283 mètres.
Bateau ferry qui réalise une traversée de 283 mètres.
Sur les bancs, les retraités discutent inlassablement.
Sur les bancs, les retraités discutent inlassablement.
Un drapeau tunisien plane dans une ruelle.
Un drapeau tunisien plane dans une ruelle.
Me voici dans le fameux vieux port.
Me voici dans le fameux vieux port.
Appel à manifester du parti La France insoumise.
Appel à manifester du parti La France insoumise.
Au cœur de la manifestation.
Au cœur de la manifestation.
Un chien qui soutient la lutte de ses maîtres.
Un chien qui soutient la lutte de ses maîtres.
Gare de Lyon, juste avant de monter dans le train.
Les voyageurs font la sieste, alors que le train traverse la banlieue parisienne. Un long trajet de 3 heures les attend.
La gare St Charles, à Marseille.
Des touristes découvrent Marseille.
Bateau ferry qui réalise une traversée de 283 mètres.
Sur les bancs, les retraités discutent inlassablement.
Un drapeau tunisien plane dans une ruelle.
Me voici dans le fameux vieux port.
Appel à manifester du parti La France insoumise.
Au cœur de la manifestation.
Un chien qui soutient la lutte de ses maîtres.

Les partenaires de la campagne

  • Institut français de Tunisie
  • Mairie de Paris