Le savoir autochtone soigne les hommes et la terre

Publié le 3 décembre 2019

Le Club presse du collège réunionnais LECONTE DE LISLE enquête sur l’utilisation des plantes médicinales chez les autochtones du Québec. Donna O’BOMSAWIN étudie le rôle de guérison des plantes depuis des années. Elle répond aux questions des globe-reporters.

CULTURE ET FRANCOPHONIE

En préparant son reportage à Odanak, notre reporter sur place demande à Daniel NOLETT, le Directeur général du Conseil d’Odanak avec qui elle en contact via messagerie, si une personne du village s’y connaît en plantes médicinales. Il lui conseille de prendre contact avec Michel DURAND. Celui-ci est l’auteur d’un livre sur les recettes ancestrales des Abénakis réalisées à partir de plantes. Malheureusement, Michel DURAND est absent pendant les quelques jours durant lesquels Marine partage le quotidien de la communauté. Sur place, elle relance Daniel NOLETT pour trouver un autre interlocuteur. Il pense tout de suite à Donna O’BOMSAWIN, la femme du Chef Richard O’BOMSAWIN.

Marine rencontre Donna chez elle, dans une petite maison en bois que la chaleur du feu rend encore plus accueillante. Donna est une personne très matinale (elle se lève à 4h du matin) et invite Marine à 8h pour boire une tisane au basilic sacré. Elle utilise cette plante pour faire le plein d’énergie sans devenir surexcité. Quand Marine lui dit que la campagne Cap que Québec est consacré à toute la région, mais qu’une bonne partie des reportages s’intéressent aux peuples autochtones, Donna répond : « Bien sûr, il faut commencer par les racines pour arriver à l’arbre. »

La rencontre dure près de trois heures et la journée est déjà bien avancée quand notre envoyée spéciale fait ses adieux à Mme O’BOMSAWIN.

Donna vient de l’Ontario et a des origines européennes et mohawks. Elle a obtenu le statut « d’Indienne » en se mariant avec Richard O’BOMSAWIN. Elle montre à Marine toutes sortes de plantes et d’objets traditionnels, des tissages de perles, des vêtements, des coiffes, des onguents. Un savoir qu’elle a appris dans sa jeunesse et qu’elle continue à étudier.
Pour elle, tout est une cérémonie sacrée, que ce soit par le tissage de perles ou la préparation de « médecines ». Les « médecines » au Québec signifient les remèdes naturels, les plantes médicinales, etc. Un homme ou une femme « médecine » est un guérisseur ou guérisseuse.

Elle transmet aujourd’hui ces savoirs ancestraux à ses quatre enfants, sept petits-enfants et aux personnes de la communauté, pour la « guérison de celle-ci en retrouvant ses racines et en tissant des liens », précise-t-elle. Pour cela, elle a créé, avec d’autres femmes, le projet « Kin8wala » (Elle prend soin de toi). Elles créent des huiles, onguents et autres recettes médicinales pour la communauté.

Le terme de « guérison » est très utilisé par les communautés autochtones. Elles tentent de renouer les liens avec leurs ancêtres et avec leurs savoirs perdus suite à l’épisode des pensionnats et de la Loi sur les Indiens. Donna insiste d’ailleurs sur la « guérison des femmes », divisées entre elles par cette loi, pour rétablir leur rôle dans la communauté. Jusqu’en 1985, une femme mariée à un non-autochtone perdait son statut alors qu’une femme non-autochtone l’obtenait en se mariant avec un autochtone. Elle rajoute : « Même si des personnes ne ressemblent pas physiquement à des autochtones, elles ont l’âme autochtone. On a tenté de leur enlever pendant cette période. »

Parmi les objets de guérison qu’elles mentionnent, elle parle de « jupe de rubans » et de « roue de médecine ». La jupe de rubans est un régalia féminin, c’est-à-dire un vêtement confectionné selon un rituel précis pour des cérémonies, tel que le Pow Wow. La roue de médecine est un symbole spirituel fréquemment utilisé par les Premières Nations. Il définit le « cercle de la vie ». On la retrouve dans toutes les communautés.

Si vous voyez un cercle avec ces quatre couleurs, c’est une roue de médecine : 
- Le blanc symbolise le Nord, l’esprit, l’hiver et l’air.
- Le jaune : l’Est, la raison, le printemps et l’eau.
- Le rouge : le Sud, le corps, l’été et le feu.
- Le noir : l’Ouest, le cœur, l’automne et la terre.

Les savoirs des autochtones sont riches et diversifiés. Comme Donna, il faut des années pour les étudier.

Sources photographiques

Maison de Donna et Richard O’BOMSAWIN.
Maison de Donna et Richard O’BOMSAWIN.
Donna O’BOMSAWIN.
Donna O’BOMSAWIN.
La tisane de basilic sacré.
La tisane de basilic sacré.
Le basilic sacré.
Le basilic sacré.
Des plantes médicinales, dont du romarin.
Des plantes médicinales, dont du romarin.
À droite, du molène (mullein) séché.
À droite, du molène (mullein) séché.
Richard et Donna O’BOMSAWIN.
Richard et Donna O’BOMSAWIN.
La camomille dans de l’huile.
La camomille dans de l’huile.
Des savons préparés par Donna O’BOMSAWIN.
Des savons préparés par Donna O’BOMSAWIN.
Du tissage de perles.
Du tissage de perles.
La roue de médecine en perles.
La roue de médecine en perles.
Une autre version de la roue de médecine.
Une autre version de la roue de médecine.
Une robe de perle tissée par Donna O’BOMSAWIN pour sa petite-fille, moitié Abénakise et moitié Mohawk. Les deux demi-cercles sont un symbole abénaki tandis que l’autre forme de tissage (plus épais) est mohawk.
Une robe de perle tissée par Donna O’BOMSAWIN pour sa petite-fille, moitié Abénakise et moitié Mohawk. Les deux demi-cercles sont un symbole abénaki tandis que l’autre forme de tissage (plus épais) est mohawk.
Une jupe de rubans.
Une jupe de rubans.
Le petit chien de la maison du chef.
Le petit chien de la maison du chef.
La coiffe du chef.
La coiffe du chef.
Bâton de danse du chef.
Bâton de danse du chef.
Le jardin de plantes médicinales des O’BOMSAWIN.
Le jardin de plantes médicinales des O’BOMSAWIN.
Maison de Donna et Richard O’BOMSAWIN.
Donna O’BOMSAWIN.
La tisane de basilic sacré.
Le basilic sacré.
Des plantes médicinales, dont du romarin.
À droite, du molène (mullein) séché.
Richard et Donna O’BOMSAWIN.
La camomille dans de l’huile.
Des savons préparés par Donna O’BOMSAWIN.
Du tissage de perles.
La roue de médecine en perles.
Une autre version de la roue de médecine.
Une robe de perle tissée par Donna O’BOMSAWIN pour sa petite-fille, moitié Abénakise et moitié Mohawk. Les deux demi-cercles sont un symbole abénaki tandis que l’autre forme de tissage (plus épais) est mohawk.
Une jupe de rubans.
Le petit chien de la maison du chef.
La coiffe du chef.
Bâton de danse du chef.
Le jardin de plantes médicinales des O’BOMSAWIN.

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présenter ?

  • Pratiquez-vous toujours autant qu’avant la médecine traditionnelle (plantes médicinales) ?

  • Vendez-vous ces plantes à d’autres pays ?

  • Pensez-vous que vos descendants continueront à préserver cette tradition ?

  • Où trouvez-vous vos plantes médicinales ?

  • Quelles plantes utilisez-vous le plus ? Et pour soigner quels maux ?

  • Comment avez-vous appris à soigner avec les plantes ?

  • Question bonus : Qu’est-ce que la médecine de la femme ?

  • Question bonus : Qu’est-ce que hutte de la lune ?

  • Question bonus : Il existe aussi le rituel de la hutte de sudation. Comment cela se passe ?

  • Pensez-vous que la médecine médicinale est plus efficace que la médecine allopathique ?

  • Comment préparez-vous vos plantes médicinales ?

  • Question bonus : Est-ce que les savoirs autochtones ont un avenir ?

  • Question bonus : Avez-vous un message pour les globe-reporters ?