L’école roumaine face au défi de l’intégration des Roms

Publié le 9 mars 2023

Paul, Augustin et Arafat, en 4ème E au collègue Paul Verlaine de Paris, s’intéressent à l’histoire du peuple Rom. Soucieux de prendre le problème à sa racine, c’est sous l’angle de l’éducation qu’ils ont choisi d’appréhender la place qu’occupe les Roms en Roumanie. Alexandru ZAMFIR, un expert en éducation, leur répond.

Droits humains, solidarités et citoyenneté

Les Roms de Roumanie, voilà des gens particulièrement sujets aux préjugés, tant en France qu’ailleurs. Paul, Augustin et Arafat, en 4ème E au collègue Paul Verlaine de Paris, comme beaucoup, ne savent pas grand-chose de l’histoire de ce peuple. Ils ont entendu à de nombreuses reprises, dans les médias français entre autres, que les Roms venaient de Roumanie.

Durant leurs recherches dans le cadre d’EMICE+, ils ont appris que si une partie d’entre eux était bien d’Europe de l’est et de Roumanie notamment, les Roms à la base venaient de beaucoup plus loin. Ils ont découvert que ces communautés souffraient de discrimination en Roumanie aussi. Soucieux de prendre le problème à sa racine, c’est sous l’angle de l’éducation qu’ils ont choisi d’appréhender la place qu’occupe les Roms en Roumanie.

Les enfants roms restent bien moins longtemps à l’école que leurs homologues roumains. Plus d’un cinquième d’entre eux ne sont même pas scolarisé en Roumanie. Des chiffres inquiétants qui traduisent le long chemin qu’à encore à parcourir la communauté rom pour s’élever socialement dans un pays où elle est toujours largement discriminée. 

Issu d’une famille de musiciens roms, Alexandru ZAMFIR, 37 ans aujourd’hui, connaît bien ce sentiment de ne pas se sentir à sa place ou encore bienvenu dans l’école roumaine. Il a cependant su dépasser avec brio les préjugés et tracer son sillon jusqu’à obtenir un doctorat. Devenu ensuite professeur de roumain, il réalise vite qu’il veut contribuer à changer les mentalités à la fois chez les Roms et chez les Roumains. Pour se faire, il travaille depuis plusieurs années pour la Roma Fundation Fund, une ONG bucarestoise qui œuvre pour améliorer l’éducation des enfants roms.

Alexandru donne rendez-vous à notre reporter Benjamin RIBOUT dans les locaux de la fondation un après-midi de début février. Au menu de l’interview : ce que le système éducatif roumain doit changer pour mieux appréhender les populations roms, mais aussi ce que les Roms eux-mêmes doivent fournir comme efforts pour aller de l’avant. Alexandru nous livre son expérience personnelle, ses souvenirs d’enfance à l’école, ce qu’il a dû surmonter en tant qu’élève rom, mais aussi sa satisfaction d’y être parvenu.

Lui qui a décidé d’apprendre la langue romani sur le tard l’enseigne désormais à la faculté de Bucarest. Car, attention, tous les Roms de Roumanie ne parlent pas le romani. Esclaves pendant plus de 500 ans en Roumanie - jusqu’en 1856 - assignés à des métiers et des fonctions bien précises, certains ont pu mieux conserver que d’autres leur culture et leur langue durant ces longs siècles. En vérité, peu de Roumains, mais aussi peu de Roms eux-mêmes connaissent réellement une histoire qui a commencé en Inde d’où les Roms sont partis en 1008.

Alexandru ZAMFIR nous raconte ici cette histoire, de l’arrivée des Roms en Roumanie vers 1385, aux discriminations auxquels font encore face ceux-ci aujourd’hui. Il nous explique aussi comment la Roma Fundation Fund agit pour faire en sorte que les Roms se sentent mieux représentés culturellement à l’école. Selon eux, c’est en effet l’une des clefs du problème. L’une de leur réponse, sur le terrain, est d’offrir aux professeurs les outils pour que ceux-ci comprennent mieux les élèves roms et identifient leurs besoins.

Une interview réalisée le 1er février 2023

L’entretien est réalisé en roumain. Une traduction en français est téléchargeable en pied d’article.

Sources photographiques

La fondation se trouve à l’arrêt de métro « Obor » dans Bucarest © Globe Reporters
La fondation se trouve à l’arrêt de métro « Obor » dans Bucarest © Globe Reporters
Dans le quartier Obor se trouve le plus gros marché de Bucarest. Les vendeurs ambulants vendent de tout, dès la sortie du métro © Globe Reporters
Dans le quartier Obor se trouve le plus gros marché de Bucarest. Les vendeurs ambulants vendent de tout, dès la sortie du métro © Globe Reporters
L’intersection devant la bouche de métro est aussi l’un des gros axes routiers de la capitale. Tout le long de cet axe, des immeubles de l’époque communiste, les fameux « blocs » © Globe Reporters
L’intersection devant la bouche de métro est aussi l’un des gros axes routiers de la capitale. Tout le long de cet axe, des immeubles de l’époque communiste, les fameux « blocs » © Globe Reporters
Nous voilà arrivés à l’adresse de la Roma Education Fund dans les  nombreuses petites rues derrière les grosses artères © Globe Reporters
Nous voilà arrivés à l’adresse de la Roma Education Fund dans les nombreuses petites rues derrière les grosses artères © Globe Reporters
L’immeuble est plutôt récent © Globe Reporters
L’immeuble est plutôt récent © Globe Reporters
La fondation occupe le rez-de-chaussée, mais aussi le troisième étage de l’immeuble © Globe Reporters
La fondation occupe le rez-de-chaussée, mais aussi le troisième étage de l’immeuble © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR travaille depuis plusieurs années pour la fondation. Il est également professeur de langue romani à la faculté de Bucarest © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR travaille depuis plusieurs années pour la fondation. Il est également professeur de langue romani à la faculté de Bucarest © Globe Reporters
Alexandru est originaire de Ploieşti, une ville située à une soixantaine de km au nord de Bucarest © Globe Reporters
Alexandru est originaire de Ploieşti, une ville située à une soixantaine de km au nord de Bucarest © Globe Reporters
Devant une série de clichés réalisés dans le cadre des projets développés par la fondation © Globe Reporters
Devant une série de clichés réalisés dans le cadre des projets développés par la fondation © Globe Reporters
Alexandru a commencé sa carrière comme professeur de roumain avant de réaliser que son devoir était d’aider la communauté rom © Globe Reporters
Alexandru a commencé sa carrière comme professeur de roumain avant de réaliser que son devoir était d’aider la communauté rom © Globe Reporters
La fondation accompagne aussi les professeurs du système éducatif roumain afin de leur fournir les outils pour mieux comprendre les communautés roms © Globe Reporters
La fondation accompagne aussi les professeurs du système éducatif roumain afin de leur fournir les outils pour mieux comprendre les communautés roms © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR répondant aux questions des globe-reporters d’EMICE+ © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR répondant aux questions des globe-reporters d’EMICE+ © Globe Reporters
Portrait d’un enfant rom dans les bureaux de la fondation © Globe Reporters
Portrait d’un enfant rom dans les bureaux de la fondation © Globe Reporters
La fondation se trouve à l’arrêt de métro « Obor » dans Bucarest © Globe Reporters
Dans le quartier Obor se trouve le plus gros marché de Bucarest. Les vendeurs ambulants vendent de tout, dès la sortie du métro © Globe Reporters
L’intersection devant la bouche de métro est aussi l’un des gros axes routiers de la capitale. Tout le long de cet axe, des immeubles de l’époque communiste, les fameux « blocs » © Globe Reporters
Nous voilà arrivés à l’adresse de la Roma Education Fund dans les  nombreuses petites rues derrière les grosses artères © Globe Reporters
L’immeuble est plutôt récent © Globe Reporters
La fondation occupe le rez-de-chaussée, mais aussi le troisième étage de l’immeuble © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR travaille depuis plusieurs années pour la fondation. Il est également professeur de langue romani à la faculté de Bucarest © Globe Reporters
Alexandru est originaire de Ploieşti, une ville située à une soixantaine de km au nord de Bucarest © Globe Reporters
Devant une série de clichés réalisés dans le cadre des projets développés par la fondation © Globe Reporters
Alexandru a commencé sa carrière comme professeur de roumain avant de réaliser que son devoir était d’aider la communauté rom © Globe Reporters
La fondation accompagne aussi les professeurs du système éducatif roumain afin de leur fournir les outils pour mieux comprendre les communautés roms © Globe Reporters
Alexandru ZAMFIR répondant aux questions des globe-reporters d’EMICE+ © Globe Reporters
Portrait d’un enfant rom dans les bureaux de la fondation © Globe Reporters

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présenter ?

  • D’où viennent les Roms et comment sont-il arrivés en Roumanie ?

  • 22% des Roms de Roumanie ne sont pas scolarisés, pour quelles raisons ? Les écoles ne sont pas assez nombreuses ou bien y-a-t-il des différences culturelles trop importantes ?

  • D’où vous vient cette volonté d’agir pour la scolarisation des Roms ?

  • Y a-t-il une réelle différence culturelle entre Roms scolarisés et Roumains ?

  • Apparemment, l’État roumain aurait créé des écoles spéciales pour Roms. Ne serait-ce pas à l’encontre de l’intégration des Roms en Roumanie ?

  • Les enfants Roms à l’école subissent-ils des moqueries ?

  • 71% des roms quittent la scolarité prématurément pourquoi ? Et comment l’empêcher ?

  • Dans la culture rom est-ce important d’aller à l’école ? Si non, n’est-ce pas un obstacle à la scolarisation des Roms ?

  • Que pensent les Roumains de la culture Rom (les idées reçues et leur réelle opinion) ?

  • Question bonus : Quels résultats obtenez-vous avec la Fondation ?

  • Question bonus : Message en roumain pour les élèves du collège Paul Verlaine

  • Question bonus : Message en romani pour les élèves du collège Paul Verlaine