Akcent, une musique qui traverse les époques

Publié le 26 février 2019

Adrian Sina est le fondateur du concept musical Akcent. Il répond aux questions de Martin, Thi Binh Minh, Manel et Mathias, globe-reporters du lycée Arago, à Perpignan.

CULTURE ET FRANCOPHONIE

Pour contacter Akcent, Élodie se rend sur son site officiel. Elle envoie un mail et appelle les numéros indiqués. De fil en aiguille, sans trop savoir comment, elle finit par avoir les coordonnées directes d’Adrian Sina, le chanteur, mais ça n’a pas facilité les choses pour autant. Elle a insisté, rappelé plusieurs fois, sans trop y croire car son séjour en Roumanie touche à sa fin.
 
Quelques jours avant son départ, notre envoyée spéciale réussit enfin à avoir l’artiste au bout du fil. Il lui annonce que la semaine est très chargée, qu’il serait plus de répondre aux questions par mail. Si Adrian Sina est très occupé, c’est que le chanteur-compositeur-producteur est en pleine tournée anniversaire pour fêter ses 20 ans de carrière.

Mais quelques heures plus tard, il propose un rendez-vous... pour le lendemain ! L’annulation d’une répétition lui laisse un créneau libre. L’interview a lieu dans son studio qui occupe une de ces maisons anciennes du début XXe, qui font le charme de Bucarest. Elle se fait en anglais. Adrian Sina se montre très accessible et très avenant. Ne rien lâcher, une règle en matière de reportage.

Adrian Sina dans son studio

Pouvez-vous vous présenter ?

Mon nom est Adrian Sina. Je suis un chanteur compositeur roumain. Je suis né dans le nord du pays, dans le Maramures et je vis maintenant à Bucarest. Je célèbre cette année mes 20 ans de carrière. J’ai signé mon premier contrat avec une maison de disque il y a 20 ans et depuis j’essaye d’écrire et de produire de la musique.

Pourquoi s’être lancé dans une carrière solo alors qu’auparavant vous étiez en groupe ?

Il y a 20 ans, quand j’ai commencé à travailler sur mes projets avec Akcent, nous étions deux : moi et une chanteuse, Ramona. On a sorti un album qui n’a pas eu de succès en Roumanie. J’ai donc décidé de changer de direction et j’ai formé ce célèbre boys-band de 4 gars. Notre premier album a été le plus vendu en Roumanie en 2002, avec 130.000 disques vendus. C’était énorme, mon rêve devenait réalité. Je suis devenu un artiste important avec des spectacles, des concerts, des enregistrements... J’ai beaucoup travaillé pour profiter de ces opportunités.
Puis j’ai commencé à tourner, à produire et sortir des albums. En 2005, on a sorti notre première chanson en anglais - « Kylie » - qui est devenue très populaire même en dehors de Roumanie, la France incluse où dans les ventes, en 2006, nous étions en 12e position. Là aussi c’était comme un rêve : venir de nulle part et finir dans les 20 premiers en France, c’était vraiment super. On a aussi été dans le top en Hollande, Scandinavie, Allemagne, Italie, Pologne, Russie... Beaucoup de pays.
En 2008, un des gars a décidé de quitter le groupe et de faire une carrière solo. J’ai continué à faire des albums et des chansons avec les deux autres. En 2013, on a décidé de ne plus travailler ensemble et j’ai continué à travailler sur le projet Akcent en solitaire.
J’ai gardé le nom parce que c’est celui avec lequel j’avais sorti un album avant que nous ne formions le groupe et qu’on ne devienne célèbre. Les gens me connaissaient sous ce nom avant que le groupe existe. Au fil des ans, Akcent a eu plusieurs compositions différentes.

Question bonus : d’où vient le nom Akcent ?

De ma région natale, au nord de Roumanie, où les gens parlent roumain avec un petit accent, un peu drôle.

Pourquoi chanter en anglais ? Est-ce plus facile d’être connu en chantant en anglais ? Ça plaît plus aux auditeurs ?

Pour « Kylie », notre première chanson en anglais, on avait une version roumaine. D’ailleurs, en Roumanie, c’est celle qu’on a sortie et on est restés en deuxième position des ventes pendant sept semaines. On a décidé de faire une version en anglais, en se disant que peut-être la chanson pourrait être appréciée dans d’autres pays. C’était une bonne idée, puisqu’elle est devenue populaire !
Depuis, j’enregistre tout le temps des chansons en roumain, mais aussi en anglais. J’utilise les deux langues, mais je ne traduis pas forcément toutes mes chansons en anglais. Ça dépend de la chanson, du style. Les chansons en roumain sont destinées au public local, mais je pense que les Roumains aiment aussi parfois écouter des productions roumaines en anglais.

La musique traditionnelle a-t-elle eu une importance dans votre création ?

Oui, absolument. J’ai composé un morceau à partir d’une chanson ancienne. Elle s’appelle « Ma dor ochii, ma dor ». Je l’ai réarrangée de façon moderne. Maintenant la chanson est une des plus populaires sur Youtube : elle a 70 millions de vues.
J’ai écouté beaucoup de musique populaire. Il y a quelque chose de mélodique dedans.

Quels sont les chanteurs internationaux qui vous plaisent ?

Il y a beaucoup de bons artistes partout dans le monde et beaucoup de bons artistes qui viennent de France. J’aime la vibe de la musique française, avec beaucoup d’influences nord-africaines. Je ne vais pas nommer d’artistes, mais il y en a beaucoup de très bons.

Quelles sont les tendances musicales en ce moment en Roumanie ?

Dans la période 2008-2011, beaucoup de chansons venues de Roumanie sont devenues très populaires à l’étranger, avec beaucoup de ventes, en France, en Angleterre, en Allemagne, etc. Aujourd’hui, ça n’arrive plus trop parce que les artistes roumains se concentrent sur la Roumanie, ils ne chantent plus tellement en anglais. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est une perte pour l’industrie de la chanson. Moi, j’essaye de travailler pour produire de la musique pour l’étranger.

Le studio, vu de l’extérieur. Il est situé dans une de ces anciennes maisons qui font le charme de Bucarest.

Question bonus : est-ce difficile de tenir longtemps dans ce métier ?

Ce n’est pas facile. Les générations changent, les gens qui achètent ta musique changent tout le temps, c’est difficile d’être toujours en phase avec les nouveaux goûts. Compliqué, mais pas impossible. La musique parle d’elle-même, la mélodie est universelle. Quand une mélodie est bonne, elle peut parler aux anciennes comme aux nouvelles générations.

Question bonus : un dernier mot ?

J’attends le jour où ma musique redeviendra populaire en France. Ça arrivera bientôt !

 

Sources sonores

  • Adrian Sina chante quelques notes pour les globe-reporters

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