À Taluen, l’agriculture est aussi en deux cultures

Publié le 18 mars 2020

Stanislas YAMO, originaire de la communauté de Kayaudé est le premier de son village à avoir passer un bac agricole. Aujourd’hui, jeune agriculteur, il répond aux questions d’Alice, Mathis, Lou Anne et Jonathan de l’école de la Porte d’Ivry et à celles des globe-reporters du collège Dorgelès, deux établissements de Paris.

DEVELOPPEMENT DURABLE ET ENVIRONNEMENT

À Taluen, dans ce village amérindien de 400 habitants, tout comme les hommes sont pêcheurs ou chasseurs, les femmes vont à l’abattis et cultivent le manioc par tradition. Une répartition des rôles et des tâches qui date du temps où ils étaient encore nomades. Leur technique agricole est traditionnelle, c’est la culture de la terre sur brulis. En résumé, le champ appelé abattis est ouvert par les hommes à la machette dans la forêt sur une petite surface puis brulé afin que les femmes puissent planter du manioc, des bananes, etc. Elles y vont tous les jours par deux ou trois, travaillant de manière alternée dans le champ de l’une ou de l’autre. Un travail communautaire et partagé.

Le jour où notre envoyée spéciale, Anne PASTOR, réalise cette interview, Ancelle et Lina sont allées chercher 80 kilos de manioc pour la fête d’anniversaire de l’un des frères. Elles se doivent de préparer chacune une bassine de 200 litres de cachiri, la boisson traditionnelle à base de manioc.

Quand Anne les voit porter sur leurs dos leurs 40 kilos de manioc, elle ne peut s’empêcher d’être admirative. Instinctivement, elle les suit. Le panier à terre, Anne engage la conversation et se propose pour les aider à éplucher le manioc. Lina lui parle des pigments naturels qu’elle utilise dans ses poteries, de la terre de ses ancêtres et des esprits qui y habitent et bien sûr de son abattis et de la difficulté d’arracher le manioc en saison des pluies. 

Puis elle se lève sans un mot pour aller presser sa purée de manioc à l’aide d’une couleuvre. Ce n’est pas un serpent, mais un instrument qui sert à préparer le cachiri. C’est le moment Stan passe devant la maison. Lina l’interpelle et lui dit : « Toi, viens parler d’agriculture, il faut laisser la parole aux jeunes. C’est eux l’avenir ». 

Normand par sa mère et de père wayana, Stanislas a décroché un baccalauréat agricole. Il développe sur 1 hectare un projet d’agriculture moderne tout en respectant les traditions agricoles des anciens. Il a un projet d’agrotourisme. Il est très apprécié au village, car il aime écouter les anciens, et partager ses connaissances du monde moderne. Bref, c’est un agriculteur de la forêt amazonienne en 2020 que le hasard a mis sur notre route. Les journalistes doivent toujours suivre leur instinct car cela peut déboucher sur de belles surprises.

Quand Anne propose à Stan de le prendre en photo, il décline en disant ne pas être assez bien habillé et coiffé. Une coquetterie toute wayana !

Une interview réalisée en janvier 2020

Sources photographiques

De retour de l’abattis, Lina porte au moins 40 kg de manioc.
De retour de l’abattis, Lina porte au moins 40 kg de manioc.
Une charge portée sur plusieurs kilomètres.
Une charge portée sur plusieurs kilomètres.
Le fardeau est enfin posé au sol.
Le fardeau est enfin posé au sol.
Étape suivante, l’épluchage du manioc.
Étape suivante, l’épluchage du manioc.
Mixture destinée à préparer le cachiri.
Mixture destinée à préparer le cachiri.
Cuisson au feu de bois du manioc.
Cuisson au feu de bois du manioc.
La couleuvre pour presser le manioc.
La couleuvre pour presser le manioc.
Lina en pleine action de pressage de la purée de manioc.
Lina en pleine action de pressage de la purée de manioc.
De retour de l’abattis, Lina porte au moins 40 kg de manioc.
Une charge portée sur plusieurs kilomètres.
Le fardeau est enfin posé au sol.
Étape suivante, l’épluchage du manioc.
Mixture destinée à préparer le cachiri.
Cuisson au feu de bois du manioc.
La couleuvre pour presser le manioc.
Lina en pleine action de pressage de la purée de manioc.

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présenter et nous dire pourquoi vous pouvez répondre à nos questions ?

  • Quels fruits et légumes cultivez-vous ?

  • À quelle fréquence changez-vous d’abattis ?

  • Au bout de combien de temps revenez-vous sur les anciens abattis ?

  • Quels aliments dans la nature sont dangereux pour la santé des hommes ?

  • Quelles espèces de poissons pêchez-vous ?

  • À quelle fréquence chassez-vous/ pêchez-vous dans la semaine ? Tous les jours ? Plusieurs fois dans la semaine ?

  • Quelle viande mangez-vous ?

  • Comment conservez-vous les aliments ? Hier et aujourd’hui ?

  • Quelles sont les meilleures conditions météorologiques pour avoir une bonne récolte ? Quelles céréales cultivez-vous ?

  • Les incendies de cet été au Brésil inquiètent-ils les habitants ?

  • Quels sont les arbres les plus présents dans la forêt ?

  • La vie a-t-elle changé pour les habitants de Taluen ?

  • Questions bonus : Qu’est-ce que votre projet va changer dans le village ?

  • Questions bonus : Que pensent les anciens qui pratiquent la culture de l’abattis de votre projet ?